10.6.14

psychothérapeute; un titre, plusieurs spécialités

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Introduction 

Depuis l'adoption du projet de loi 21 au Québec en 2009, le titre de psychothérapeute et l'exercice de psychothérapie sont réservés.  

Le projet de loi 21 définit la psychothérapie comme suit:
Un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce traitement va au-delà d'une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d'un rapport de conseils ou de soutien.
L’encadrement de la pratique de psychothérapie est assuré par l'Ordre des Psychologues du Québec (l'OPQ) qui gère la délivrance du permis de psychothérapeute dans le but de protéger le public contre la possibilité que quiconque se représente faussement comme psychothérapeute et/ou offre faussement au public des services de psychothérapie.

Ce blogue documente ma conversation avec l'Ordre des Psychologues du Québec au sujet de la psychothérapie et le mandat de protection du public de l'OPQ, entamée lors de mon premier contact téléphonique avec Mme Marie-Hélène Bertrand, et suivie d’un échange de courriels avec Krystelle Larouche et Diane Côté de l'OPQ .

Protection du Public ou Autopromotion?

L'Office des Professions définit la mission d'un ordre comme suit:
La mission principale d’un ordre est de protéger le public, soit toutes les personnes qui utilisent des services professionnels dans les différentes sphères d’activités réglementées.
L’ordre protège le public en s’acquittant adéquatement de son rôle et de ses responsabilités.
À NOTER
Il est faux de croire qu’un ordre professionnel est une association qui protège les intérêts de ses membres. Ces derniers peuvent adhérer à une organisation distincte et indépendante de l’ordre professionnel pour être ainsi représentés. 
Il est spécifiquement précisé que la mission d'un ordre professionnel est de protéger le public, et non de représenter l'intérêt de ses membres.

Néanmoins, l'Ordre des Psychologues du Québec (l'OPQ) fait exactement le contraire par le marketing de ses membres sur leur site internet.

Leur service de référence en ligne trie ses résultats de sorte que le public est souvent référé aux membres privéligiés de l’OPQ avant d'autres psychothérapeutes qui sont, dans plusieurs cas, plus qualifiés dans le traitement psychologique recherché.  


Le résultat?  Des informations qui induisent en erreur:

Quand le consommateur de bonne foi consulte le site de l'Ordre des Psychologues du Québec dans le but de trouver un psychothérapeute, il ne sera pas nécessairement référé à ceux qui sont détenteurs d'un permis spécialisé dans la problématique recherchée.  Mais il sera toujours référé à ceux qui n'ont aucun permis spécialisé dans le traitement de cette problématique.  Il ne sera pas systématiquement référé aux professionnels les mieux formés et qualifiés dans le traitement psychologique recherché.  Mais il sera toujours référé aux membres privilégiés de l'OPQ.

En pratique, cela veut dire que, si je consulte le service de référence
l'Ordre des Psychologues pour un problème de couple, par exemple, il y a de fortes chances que je reparte avec une longue liste de fournisseurs qui inclut des professionnels qui ne sont pas des thérapeutes conjugaux agréés, c'est-à-dire, des psychologues sans permis spécialisé dans ce domaine, mais qui exclut ceux qui sont des thérapeutes conjugaux agréés détenteurs d’un permis spécialisé dans ce domaine.  Et ceci, dans l'intérêt des membres de l'OPQ qui ne sont pas des thérapeutes conjugaux et familiaux.

Imaginez que vous consultiez le service de référence du Collège des Médecins parce que vous avez mal à la gorge, et qu'on vous donne une liste de médecins qui exclut ceux qui sont détenteurs d'un permis spécialisé dans l’oto-rhino-laryngologie parce qu’il n’est pas dans l’intérêt des médecins généralistes de les inclure!


C’est un non-sens qui va à l’encontre de l'intérêt public.


En outre, en empêchant l'accès du public aux services des psychothérapeutes spécialisés, l'OPQ renforce les pratiques irrationnelles du secteur des assurances collectives.


Actuellement, certaines polices remboursent le coût d'une intervention spécialisée lorsqu'elle est offerte par un psychologue sans permis spécialisé dans cette discipline, mais ne le remboursent pas lorsqu'elle est offerte par d'autres psychothérapeutes avec un permis spécialisé dans cette discipline et qui sont autorisés à fournir ce traitement psychologique par le même ordre professionnel que les psychologues: l'Ordre des Psychologues du Québec

Cette discrimination contre certains psychothérapeutes spécialisés ne contribue aucunement à réduire les coûts des assurances, n'est pas dans l'intérêt public, et doit être immédiatement corrigée. 


Lorsque la couverture pour un "traitement psychologique" est limitée aux soins dispensés par un psychologue, le choix du public de ses fournisseurs est limité irrationnellement à des professionnels qui peuvent n'avoir aucune formation spécialisée dans le type de traitement recherché. La couverture pour un traitement psychologique qui est, par la loi, la définition même de la psychothérapie, devrait inclure les services de l'ensemble des fournisseurs qualifiés dans ce traitement: les psychothérapeutes.

On aurait pu s'attendre de l'Ordre des Psychologues qu’il fasse un effort d’éduquer et d’informer le public avec plus de précision.  S'il ne peut pas corriger les inégalités d'assurance, du moins il peut essayer de ne pas les renforcer par le service de référence inéquitable trouvé sur leur site internet.  Mais apparemment, l'OPQ est trop occupé à promouvoir ses membres pour protéger les consommateurs.  Nous devons donc prendre des mesures pour nous protéger nous-mêmes.

Actions

Le 21 mai 2014, j'ai écrit à Krystelle Larouche de l'Ordre des Psychologues du Québec.  Je lui ai demandé de réviser le service de référence en ligne de l'OPQ afin qu'il permette aux consommateurs de choisir un psychothérapeute d'une manière plus éclairée que ce qu'ils sont capables de faire en utilisant ce service tel quel.

J'ai reçu une réponse de Mme Larouche, le 26 mai 2014, qui fournit des informations générales sur le mandat de protection du public de l’OPQ et qui donne l'historique de la conception de son service de référence en ligne.

Je répondis à Mme Larouche le 30 mai, 2014, lui posant deux questions précises.  Je lui ai demandé:
1) si elle pensait que l'OPQ, en offrant au public un service de référence qui exclut la majorité de psychothérapeutes détenteurs de permis spécialisés dans la problématique recherchée, s’acquittait adéquatement de sa "mission de protection du public [qui] s’incarne notamment par l’information et la sensibilisation que l’on peut faire au public" tel qu’elle l’avait affirmé dans sa lettre.

2) si, en affirmant que "la recherche par problématique est la meilleure façon d’informer le public afin de lui permettre de trouver le bon professionnel selon ses besoins", elle était en train d'admettre que l'OPQ, en offrant au public un service de référence qui n’est pas trié de cette manière, offrait au public un service inférieur.
Je n'ai pas reçu de réponse de Mme Larouche.  Au lieu de cela, le 6 juin 2014, j'ai reçu un courriel de Mme Diane Côté, dans lequel elle défend le service de référence en ligne de l'Ordre des Psychologues, prétendant qu'il n'est "pas régi par le code de professions" et m'informant qu'il ne sera pas modifié dans un avenir proche.

Mes deux questions sont restées sans réponse.  

L'OPQ ne répond pas adéquatement son mandat de protection du public.  Sa position est inacceptable, tant pour les consommateurs que pour les fournisseur de services de psychothérapie.

Pétitions

J'ai rédigé une pétition adressée à Mme Rose-Marie Charest, Présidente de l'Ordre des Psychologues du Québec.  Cette pétition réclame, dans l'intérêt public, que le service de référence de l'OPQ cesse d'interférer avec la liberté du public de choisir ses fournisseurs de traitement psychologique, qu'il réfère le public à tous les psychothérapeutes qualifiés de fournir le type de traitement recherché, qu'il cesse de trier les résultats de recherche selon des critères qui excluent les détenteurs d’un permis spécialisé dans la problématique recherchée, et qu'il rend publique des informations complètes et pertinentes sur toute réunion, discussion, négociation et entente avec des organismes gouvernementaux, des compagnies d'assurance ou d’autres tiers, qui va déterminer comment et dans quelle mesure des services de psychothérapie sont offerts au public. 

Quand vous signez ici, la pétition est envoyée directement à Mme Charest avec copie conforme à l'Office des Professions qui confie à l'Ordre l'des Psychologues son mandat de protection du public.   

Pour ceux qui souhaitent prendre des mesures pour s'assurer que leurs polices d'assurance couvrent tous les psychothérapeutes qualifiés pour dispenser des traitements psychologiques, vous pouvez le demander à votre employeur simplement en cliquant sur ce lien et en envoyant la lettre au département de ressources humaines de votre employeur.
 

Certains peuvent craindre que modifier la couverture de cette façon augmentera les coûts des assurances. Cette crainte n'est pas fondée.  On ne demande pas que des services psychologiques soient rajoutés, seulement qu'il y ait un plus grand réseau de fournisseurs parmi lesquels choisir.  Ceci est plus susceptible de réduire le coût des assurances que de les augmenter.
 
Votre avis sous forme de commentaires, questions et critiques sont les bienvenus.
Tous les documents originaux se trouvent ici.

S'il vous plaît transmettre ce message à vos amis et vos collègues.


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